Exposition 2006: Cézanne

En 1906, l'artiste Cézanne s'en alla dans l'autre monde après avoir, une dernière fois, essayé de prendre la beauté de la montagne Sainte-Victoire. Cet artiste qui était sceptique sur le fait de bavarder sur l’art dans les hautes sphères Parisienne a étudié en solitaire les recoins de la Provence. Il s'est attardé sur l'exposition au soleil de cette région ainsi que sa terre rouge. Une œuvre phénoménale a pu être créée suite à son étude. Cela a donné une nouvelle empreinte à la peinture du XXe siècle et a modifié la façon de regarder ce beau territoire qu'est la Provence.

Cent ans après sa mort, la ville d’Aix-en-Provence, la Communauté du Pays d’Aix, le ministère de la Culture et de la Communication, en collaboration avec la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Conseil Général des Bouches-du-Rhône se sont associés pour rendre hommage à Cézanne

L’exposition Cézanne en Provence du 9 juin au 17 septembre 2006 au musée Granet a été le cœur de cette célébration Coproduite par le musée Granet/Communauté du Pays d’Aix et la Réunion des musées nationaux, cette exposition a été coorganisée avec la National Gallery of Art de Washington où les œuvres étaient présentées du 29 janvier au 7 mai 2006.

Cette exposition a été reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication/Direction des musées de France. Elle a bénéficié à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’Etat. De nombreuses manifestations ont composée cette année Cézanne proposant au grand public et au public scolaire des clés permettant de mieux appréhender, interroger l'œuvre, et le rôle central qu'elle a joué dans l'avènement de l'art moderne. L'hommage des artistes, acteurs culturels et habitants au travers d'interventions d’artistes, colloques, conférences, expositions, spectacles ont affirmé la vitalité créatrice en Provence

Un artiste avec un talent reconnu de tous.

Un grand pas pour la peinture.

Passionné par l'art. Un retour sur une exposition dont on en parle encore. Mis en avant de la Provence. Merci aux artistes.

Le parcours de cet artiste peintre

Le début de sa relation avec la peinture

Paul Cézanne est un fils de la bourgeoisie provinciale. Son père possédait une riche usine de fabrication de chapeaux à Aix-en-Provence mais se démarquait des exigences de la société. En effet, il ne s’était pas uni avec la mère de Paul qui avait travaillé dans son usine. Le petit Paul vint au monde en 1839. Il se maria finalement cinq ans après, juste avant sa reconversion en banquier.


Paul Cézanne acquit une solide culture classique durant tout son cursus scolaire à Aix-en-Provence. Il devint très proche de certains camarades avec lesquels il fit le secondaire. De tous, Emile Zola était son meilleur ami et confident.


Il intégra la faculté d’Aix-en-Provence en 1858, en raison du vœu de son père qui désirait qu’il fasse le droit. Mais l’année précédente, il avait étudié à l’école gratuite de dessin. Son talent artistique confirmé le conviait dès lors, à des études en Peinture à Paris.


Dépendant de son père, il parvient à obtenir son aval en 1861, pour se rendre à Paris en et y résider durant le printemps et l’été. A Paris il prenait des cours, à l’Académie Suisse et y fit connaissance avec Camille Pissarro et Guillaumin. Malheureusement, il ne put se faire compter parmi les admis au concours d’entrée à l’Ecole des Beaux-Arts. Rentré à Aix-en-Provence pour assurer des fonctions dans la banque de son père, il retourne l’année suivant à Paris. Résolu à devenir peintre. Paul Cézanne se décida à relever tous les défis pour réaliser son rêve.

L'univers de la peinture

Après son retour à Paris, il ne manqua pas d’effectuer des visites en Provence ou des descentes à Aix-en-Provence, durant les premières années, se montrant autonome malgré ses études et tout aussi obéissant à l’éducation reçue. A l’Académie Suisse, il se consacrait à l’étude du modèle et simultanément, poursuivait son apprentissage au Louvre, où il impressionnait ses enseignants par ses multiples croquis et imitations de tableaux.


Ses occupations ne l’éloignent pas pour autant de Zola avec qui il entretient toujours de bons rapports. Il avait l’appui indéfectible de son ami qui lui a été d’une grande aide intellectuelle, morale et financière. Il rencontra également Bazille, Renoir, Monet et Sisley. En 1866, Cézanne fera connaissance avec Manet, devenu ami avec Zola.


A ses débuts, les créations de Paul n’égalaient pas celles de ses paires qui eux, impressionnaient par leurs chef-d’ œuvres. Dès lors, il n’avait plus qu’en commun avec eux, la détermination, la soif d’originalité et la rébellion contre les règles de l’Académie. Ravi par le romantisme de Delacroix, il commence à laisser transparaître ses émotions les plus refoulées, à travers ses œuvres et créations. Les couleurs obscurs et foncés révèlent la violence et la tragédie de ses thèmes, comme c’est le cas pour "L'enlèvement" en 1867. On retrouve également dans ses peintures, des paysages et portraits qu’il a faits sur fond de réalisme, en s’inspirant de Courbet.


Pour devenir, Cézanne n’a pas suivi de cours à l’Ecole des Beaux-Arts. Il s’est donc formé sur le tas. De ce fait, son travail artistique, à la différence de celui de ses amis impressionnistes, porte quelques erreurs et imperfections.


A compter de 1863, Cézanne soumettait souvent ses œuvres au Salon Officiel de Paris. En dépit de son application à les parfaire et des soutiens qu’il avait, il se heurtait chaque fois au refus du jury qui n’acceptait qu’un seul de ses portraits en 1882. Des portraits aux scènes historiques, en passant par les paysages de Provence, il manifestait une diversité thématique étonnante, à travers ses tableaux.

Mariage, enfant et relations familiales

Pendant ce temps, Cézanne pouvait encore compter sur la pension régulière que lui versait son père, ce qui lui permettait d’échapper aux difficultés financières que rencontraient Monet, Renoir, Guillaumin. Le peintre Cézanne fait la connaissance du modèle Hortense Piquet en 1869, celle qu’il épousera plus tard. Conscient de la rigueur et de l’esprit borné de son père, il garda secret sa relation, par peur que son géniteur soit contre cette liaison et le prive de sa pension. Devenu père en 1872 d’un fils, il ne le fit pas savoir à son père qui apprendra qu’il avait un petit-fils par hasard, six ans plus tard.


Ce fût en 1878 pour son mariage auquel assistèrent les parents que Cézanne leva l’anonymat. Avec son épouse, il se réfugie en Province durant la guerre de 1870-1871 avant de retourner s’installer à Paris.


Le fils de Paul Cézanne porta le même prénom que son père, il naquit en 1872 pour finir ses jours en 1947, il posa souvent pour son père. On peut le voir dans les tableaux suivants : Le mardi gras (exposé à Moscou au musée Pouchkine), Portrait de Paul (à onze ans) (Exposé à Paris au musée de l'Orangerie). Il ne devint pas artiste mais gravita dans le domaine de l'art, il eu aussi un fils qui porta le prébnom de Paul également mais qu'il perdit.

Voici l'huile sur toile nommé "Mardi gras" ou "Pierrot et Arlequin" œuvre datant de 1888. Ses dimensions sont de 102x81 centimètres et représente le fils de Paul Cézanne en compagnie de son ami Louis Guillaume. A ce jour elle se trouve à Moscou mais participe à des expositions thématiques. Pour information, elle avait été confisquée suite à la révolution bolchéviques en 1917 au collectionneur Sergueï Chtchoukine. Lequel l'avait acquis en 1899 au galériste Paul Durand-Ruel

Travail avec Pissarro et expositions

Sur l’invitation de Camille Pissarro, Cézanne, le nouveau chef de famille s’établit en 1872 à Pontoise et ensuite à Auvers-sur-Oise. Il y est l’hôte du docteur Gachet qui lui offrit un toit. A Auvers-sur-Oise, il collabore avec Camille Pissarro. De tout temps, Cézanne n’a fait ses peintures qu’en atelier. Prenant exemple sur Camille Pissarro, il s’adonne au paysage sur le motif. Il apprit à ses côtés la manière impressionniste, l’encourageant à la composition spatiale plus construite. Leur coopération se trouvera très vive et avantageuse.


Avec Pissarro et Guillaumin, Cézanne nourrit le désir d’une juste représentation de la nature. Il aura des échanges continus avec eux, toutes les années suivantes. Paul Cézanne reçut l’autorisation, par le biais de Pissarro, de participer à la première exposition impressionniste en 1874. Le mauvais accueil fait à ses œuvres pousse Paul Cézanne à opposer un refus quant à sa participation à la deuxième exposition en 1876.


En 1877, il se résigna à présenter certains de ses tableaux, à la troisième exposition, malheureusement sans succès. L’assistance n’approuve pas les peintures de Cézanne et les qualifient de vulgaires. Les critiques, pour leur part, ont tôt fait d’attaquer ses œuvres avec une agressivité singulière.


A ce propos, Théodore Duret (1838-1927) écrivit des lignes plutôt dures. Pour lui, l’opposition fait partie des habitudes à chaque révélation de nouveaux peintres et s’ils sont aussi souvent soumis à de rudes commentaires et critiques, c’était la preuve de leur originalité et une confirmation de leur talent par le public. Il voyait dans les peintures de Cézanne, une incompétence digne d’un film d’horreur qu’il se devait de travailler pour changer l’image décevante reçue à l’exposition de 1874 avec "La maison du pendu à Auvers". Avec regret, Théodore Duret constata une décomposition de la créativité de l’artiste, renforcée par l’usage de couleurs vives et austère à travers "le portrait de M. Choquet" et les paysages de la rue Le Peletier.


Abattu et découragé, Cézanne mis fin à toute participation aux expositions impressionnistes et s’éloigna de ses amis.

Un style propre à lui

Cézanne poursuivit son travail à Paris avec à la clé des retours fréquents dans le sud de la France. Peu avant 1880, il découvre son style. Ce style qui le considère comme le père de l'art moderne. L'un des piliers de l’art des impressionnistes. Il s'est donné pour mission de surpasser l’impression dans son art pour y imprimer une originalité immuable et permanente qui la ferait perdurer dans le temps comme l’art des musées.

De 1882 à 1885, Cézanne a enregistré plusieurs réussites dont "Le pont de Maincy" est l’une des premières. La manipulation des couleurs des arbres, soigneusement peint avec légèreté dans du vert profond, avec une réciprocité apparente avec les autres couleurs, créent une harmonie visuelle attrayante, tant l’organisation picturale de la peinture impressionne.


Cézanne réalise ses paysages en Ile-de-France et en Province où il parcourt les collines entourant la Montagne Sainte Victoire. En plus des portraits et natures mortes, l’artiste se consacrera au nu dans la nature. Il leur donnera le nom de "baigneuses".


Cézanne entrera au Salon en 1882 avec "la lutte pour Paris" qui y fût accepté puis rejeté en 1884. Cézanne abandonnera après ça l’œuvre. Un peu en retrait du mouvement artistique, Cézanne se fait plus présent et plus régulier à Aix et en Provence. Il reste en contact avec Camille Pissarro qu’il visite et Renoir alla le visiter en 1882 et ensuite en 1883, cette fois avec Monet.

Autour de 1885, il connaitra plusieurs bouleversements dans sa vie privée. Après s’être au sujet en question dans "L’œuvre" du peintre avorté Claude Lantier, il mit fin à son amitié avec Zola en 1886. Il perdit par la suite son père, devenant un riche héritier, dont la fortune lui garantit une totale indépendance. Ses œuvres seront présentées au public en 1889 à l’Exposition Universelle et à Bruxelles avec le groupe des XX, en 1887 et 1890.

Sur une table en bois, des pommes dans un panier, un litre, quelques biscuits et une nappe, voilà l'œuvre intitulée " La corbeille des pommes" peinte en 1890-1894 . Cette image plein de simplicité à toutefois demandé plusieurs jours de travail. La pomme est le fruit préféré de Cezanne sur ces peintures

La notoriété de l'artiste peintre

Un fait marquant viendra orienter Cézanne vers de nouvelles perspectives et lancer sa carrière en 1895. À la faveur d’une rétrospective dont l’initiateur et l’organisateur est Ambroise Vollard, un marchand d’art de moins de 27 ans, Cézanne vit 150 de ses œuvres exposées, pourtant désapprouvées et rejetées au Salon et aux expositions. Il est ainsi repéré par ses anciens amis, ignares de sa progression en tant que peintre. L’ayant remarqué, des artistes débutants le prirent pour modèle et repère.


Cézanne sera honoré au fil du temps. Par son travail, il sera perçu comme un enseignant et un novateur par de jeunes peintres tels que Émile Bernard ou Maurice Denis et il connaitra la gratitude due à ses œuvres. Des critiques sagaces y contribueront à travers leurs écrits. Entre autres, on y retrouve Gustave Geffroy, Thadée Natanson, Roger Marx, Rilke.


La notoriété et les honneurs voués à Cézanne se font de plus en plus grandissants. Ce qui aura un impact considérable sur ses peintures qui sont désormais très sollicitées, exposées au Salon des indépendants en 1898 et au Salon d’automne en 1899 et de 1904 à 1906. L’homme d’Aix devint une icône dans le monde de la peinture. Il eût même "L'Hommage à Cézanne", une œuvre de Maurice Denis, désormais inscrit dans le patrimoine du musée d’Orsay. Il aura fallu attendre un siècle, après la rétrospective d’Ambroise Vollard qui a révélé Cézanne au grand public en 1895, avant sa distinction dans le milieu qui l’a vu naître. Pour preuve, l’exposition au Grand Palais à Paris et à Londres en 1995. Un événement qui vient confirmer sa réussite.


Plusieurs personnes ont contribué à la distinction et à la renommée de Cézanne, durant sa vie et même après. L’un d’eux, est Victor Choquet, un collectionneur des impressionnistes. Il avait plusieurs œuvres hors-classe de Cézanne. Il travailla à conférer à l’artiste, toute son importance.

L'inventeur de la peinture moderne

Si les prémices de sa carrière et son parcours fût assez rude et parsemé d’embûches, Cézanne est désormais établi comme une icône et un pionnier de l’histoire de l’art. Paul Cézanne s’est le plus fait remarqué entre le 18ème et le 19ème siècle, d’abord par l’influence du romantisme de Delacroix et le réalisme de Courbet sur son art, puis par la personnalisation de son art qui a ouvert la voie à un nouveau mouvement artistique qu’est le cubisme auquel se conforment beaucoup de peintres contemporains. Son court passage dans l’impressionnisme y est pour peu. Dans ses dernières années, Cézanne appréhendait la popularité qui sera faite à sa création. Il l’aurait probablement désapprouvé.


Le travail de peintre de Cézanne a été continu, permanent et exécuté dans la solitude. Avec une diversité de difficultés, il a souvent fait un travail de manœuvre. Mais il ne faut pas exclure la grande contribution du dessin à son originalité artistique.


Le peintre d’Aix-en-Provence croyait en une sorte d’éternité de l’art. Il se proposait d’apporter un apprentissage à travers ses peintures. Avec l’âge et son expérience personnelle, les tableaux de Cézanne devenaient plus méthodiques et plus rationnels. S’inspirant de la nature dont il est très respectueux, Cézanne estime qu’il n’est guère d’exagération dans la droiture, le naturel, la moral et que chaque individu est responsable de son art et du langage employé.


Sa méthode reflétait une constante contradiction entre la réalité objective et sa transposition esthétique. On comprend donc aisément ce en quoi Cézanne a été établi figure exemplaire pur une postérité divergente engagée sur des sentiers incompatibles.

Aix-en-Provence aux couleurs de Cézanne en 2006

Le centenaire de la mort de Paul Cézanne a été commémoré par la ville d’Aix-en-Provence, en l’an 2006, avec une multiplicité de démonstrations.


La réouverture du musée Granet, qui n’eût le privilège d’accueillir le peintre avant sa mort, a été amorcé par l’exposition "Cézanne en Province" connue à l’internationale. 120 peintures d’exception de Cézanne dont 80 huiles, 40 aquarelles, y ont été exposées. D’autres portant sur des paysages provençaux et convoitées par des musées internationaux et collectionneurs privés aussi exposées à Washington et Aix-en-Provence, 2006. Une découverte, des principaux lieux qui ont accompagné l’existence de Cézanne et qui portent la marque de son passage, est offerte aux convives, après l’exposition. Il s’agit entre autres de la campagne d’Aix, des carrières de Bibemus, et de l’Atelier des Lauves